Faux ton, bas ton.
Tu sais, j’ai l’impression d’avoir oublié quelque chose dans un aller retour sans mémoire. Peut-être l’histoire… J’ai l’impression d’avoir dormis assis-debout dans un coin de mon cerveau durant des jours entiers, des nuits pas fières. J’ai l’impression d’avoir le corps gonflé d’un vide grassouillet, l’impression d’avoir le dégout d’une faim immense, le rejet d’un désir trop démesuré à vomir… je ne sais pas bien… j’ai le corps bancal dans ma tête et je m’emboite mal, ça me déboite le pas. Un peu moite, un peu coite. Ni moi, ni personne d’ailleurs. Un ectoplasme froissé par l’aube de quelqu’un d’autre.
Alors je t’écris. Pour ne rien laisser comme paroles flotter en l’air comme une trainée de parfum d’hier. Je t’écris pour avoir l’impression de penser à surtout rien. Pour aller au bout des phrases sans pour autant aller dans mon sujet. Pour oublier. Me saouler jusqu’à plus cracher, jusqu’à plus lâcher, jusqu’à résister, jusqu’à me réveiller l’âme bouillie d’avoir peut-être dormi. Mourir provisoirement. Crever jusqu’à demain les deux mains engourdies de t’avoir écrit. Juste pour aller au bout de la phrase sans avoir le vertige. Juste ça. Ponctuer avec la fumée de ma cigarette qui te consume.