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Lettres Egarées
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Lettres Egarées
23 juin 2009

Ce que se disent les enfants.

Ils sont là plantés sur un chemin de terre un peu râpé de leurs souvenirs sépia. Ils sourient et plissent les yeux. Ils se fichent bien de savoir si l’instant ira se lover dans leur souvenir ou pas.

Ils évoluent dans l’aisance du présent.

Ils se parlent peut-être de promesses sacrées, et jurent et crachent de ne jamais en déroger. Ils s’inventent avec gravité des moments pour plus tard, pour quand ils seront grands. Ils se touchent peut-être la bouche pour y gouter à cet avenir, celui qu’ils effeuillent déjà de leurs doigts maladroits. Ils rient, un peu gênés, de s’être effleuré le nez et d’avoir laissé l’empreinte d’une douceur surprenante sur la blancheur de leur enfance.

Ils chuchotent et personne ne les entend. Pas même le temps. Leur futur ne s’en souviendra pas et peu importe. Ils goutent à l’émotion, celle, d’un premier baiser qu’ils ne retrouveront jamais collée sur d’autres nez. Ils ont le reflet des blés dans les cheveux, l’ébouriffé du vent, et le parfum des nèfles. Des sourires de lait et l’assurance des hommes grands.

Ils ne savent pas.
N’imaginent pas.
Ils vivent c’est tout.
S’ils osent se prendre la main c’est pour ne pas oublier l’innocence.
Mais ça, ils le sauront plus tard.

Pour eux l’envergure du paysage est ouverte à leurs pieds, et ce chemin de terre à l’escarpé si savoureux libère l’odeur sèche de l’ocre. Le regard planté dans l’horizon, ils voyagent si loin qu’ils en voient les années défiler.
Loin. Très loin.
Par delà le possible et l’impossible.
Ils ne se voient même plus, ils sont trop proches.
Tous deux sont transportés dans un futur qu’ils attendront un jour, sans pourtant le dessiner.
Tout d’eux s’efface.

Un jour.

Au détour d’un après-midi qui parle des promesses de l’été, ils se souviendront de ce qu’ils n’ont pas retenu. Ils se souviendront d’amour, et d’émotion, de douceur et d’insouciance, d’importance, et de chaleur, de la perdition du mot toujours. Ils se souviendront de ce que la vie leur avait évoqué et donné. Ils se souviendront de la poigne d’un instant qui leur avait serré le cœur assez fort pour qu’ils se souviennent de ce qu’ils ne s’étaient surtout pas dit.

Il y a longtemps.
Si longtemps.

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Commentaires
F
- d'accord, mais après, au dodo!<br /> - Ouiiiii!<br /> - " Bon Alors il y a longtemps, si longtemps, un jour, loin, très loin..."
N
Merci pour la perdition du mot, toi qui m'as rendu un peu de douceur dans la perdition de la vie d'un homme, ce soir. Et peut-être s'agit-il de notre perdition à toute et tous.<br /> J'exagère ?<br /> Tu ne comprends pas ?<br /> Va voir mon blog : http://www.mediapart.fr/club/blog/Naja<br /> LaBiz
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